C’est avec une profonde tristesse que la Société Française de Psychologie a appris le décès de César Florès survenu le samedi 14 novembre 2020 à l’âge de 99 ans. Fervent défenseur de la psychologie scientifique, il a été Président de la SFP (1978-1979). Nous remercions Annie Magnan de ses mots chargés de souvenirs que nous partageons en hommage au grand psychologue qu’était César Florès.

« César Florès nous a quittés samedi 14 novembre à l’âge de 99 ans. 

Il avait commencé sa carrière à l’Institut de Psychologie et travaillé sous la direction de Paul Fraisse avec lequel il a publié son premier article en 1956 sur la dissociation de la mémoire à court terme et de la mémoire à long terme selon les tâches. Membre du Laboratoire de Psychologie Expérimentale dirigé par Paul Fraisse jusqu’en 1965 il y noua de solides amitiés. Après 6 ans au CNRS, il a été maître assistant à la Sorbonne, à l’Université de Rouen où il a créé la section de Psychologie puis à Aix-Marseille où il a participé à l’expérience de Luminy. Nommé Professeur à l’Université de Nice en 1973 il crée le laboratoire de Psychologie Expérimentale et Comparée reconnu par la direction du CNRS jusqu’à son départ à la retraite. 

Spécialiste de la mémoire, il a rédigé le chapitre sur la mémoire dans le Traité de Psychologie Expérimentale, il s’est ultérieurement intéressé au constructivisme épistémologique après sa rencontre avec Jean Piaget comme il l’a expliqué dans le Que Sais-je ? sur La Mémoire qu’il a rédigé en 1977. Grand professionnel de l’enseignement et de la recherche, il a assumé de nombreuses responsabilités collectives tant au niveau local dans toutes les universités où il a exercé qu’au niveau national (secrétaire de l’Année Psychologique de nombreuses années, président de la SFP, membre du CNU …). Il fut un ardent défenseur de la psychologie scientifique. 

Directeur de thèse rigoureux et exigeant, il savait transmettre à ses doctorants sa passion pour la recherche. Les rapports de confiance qu’il établissait dès les premiers contacts, ses qualités humaines, son profond respect de l’autre et son sourire nous interdisaient de le décevoir. Des liens d’amitiés s’étaient créés et nous étions encore quelques-uns à lui rendre régulièrement visite dans son domicile parisien. C’était toujours des moments de partage intenses. 

Il est impossible d’évoquer César Florès sans parler de son histoire personnelle. Né en France dans une famille espagnole retournée vivre en Espagne, il subit la guerre civile d’Espagne et les privations de liberté. Jeune homme, il franchit clandestinement la frontière pour retrouver la France qu’il considérait être sa patrie. Il a relaté son itinéraire de vie dans un roman autobiographique émouvant « La Liberté est au sommet de la Rhune » dans lequel il s’interroge sur la rupture entre identifié nationale et identité culturelle. Il est resté toute sa vie fidèle aux options qui avaient motivé son retour en France. » 

Pr. Annie Magnan
Membre honoraire de l’Institut Universitaire de France 
Laboratoire d’Etudes des Mécanismes Cognitifs, MSH LSE (USR CNRS2005)
Campus Porte des Alpes, Université Lyon 2.